Article publié le 02/10/2013 par Johann Conus
Du 27 au 29 septembre s'est déroulée la 11ème édition de la mythique Course de Côte du Klausen. Inaugurée en 1922, cette épreuve hors du commun avec 136 virages, 21,5 km de longueur et 1238 m de dénivelé, a été une l'une des courses automobiles du début du siècle les plus célèbres et les plus difficiles. 10 éditions se sont succédées jusqu'en 1934.
La course de côte a été ressuscitée en 1993 avec un premier Mémorial. S'en suivirent trois autres édition en 1998, 2002 et 2006. Pour 2013, les organisateurs ont voulu marquer le coup puisqu'elle a été officiellement baptisée 11ème édition de la Course Internationale du Klausen – Klausenrennen pour les intimes – renouant ainsi avec le passé.
Pour cette édition, 243 participants répondirent à l'appel:
– 26 voitures en catégorie A (course)
– 45 motos, side-cars et 3-Wheelers en catégorie C (course)
– 150 voitures en catégorie B (régularité)
– 22 motos, side-cars et 3-Wheelers en catégorie D (régularité)
Tous ne prirent malheureusement pas le départ. Certains durent abandonner avant même d'avoir pu commencer, en cause bien souvent la mécanique capricieuse de ces aînées. Parmi les absents, on regrettera toutefois la monstrueuse Rolls Royce Hurricane, motorisée par le légendaire V12 Merlin de 27 L qui équipa avec succès la flotte de la RAF, dont les célèbres Hawker Hurricane et Supermarine Spitfire, durant la Seconde Guerre Mondiale.
Les voitures étaient bien évidemment les reines du spectacle avec près de 3/4 des inscriptions. La variété était de mise avec des modèles datant de 1908 à 1948 et des puissances allant de 28 CV, pour la modeste MG M-type "Double Twelve" de 1930, jusqu'à 400 CV pour la terrifiante Sunbeam Tigress de 1927 avec son V12 4 L bi-compresseur !
Si les grands noms de l'automobile, tels que Alfa Romeo, Aston Martin, Bentley, Bugatti, Jaguar, Maserati, Mercedes-Benz et autres MG étaient bien de la partie, ce fut également l'occasion de découvrir ou redécouvrir des marques oubliées. Qui se souvient encore de Alvis, Amilcar, Invicta, Riley, Salmson ou Wolseley? Le constructeur à l'ovale bleu était représenté pour sa part par une Model A Speedster de 1931 ainsi que par une redoutable Sprint Car V8 de 1935.
Cette magnifique course de côte fut l'occasion de revoir de près ces glorieuses aînées dans leurs œuvres mais également de découvrir quelques curiosités dont une Alvis 12/75 de 1928, une des toutes premières tractions de série, ou encore l'étonnante Salmson VAD 9 motorisée par un 9 cylindres en étoile ! Le clou du spectacle fut indéniablement l'apparition d'une Mercedes-Benz W25, la légendaire "Silberpfeil" qui remporta la dernière édition en 1934 aux mains de Rudolf Caracciola. Le son démoniaque de l'engin sut immédiatement capter l'attention de tous les spectateurs.
Mais les autres véhicules à moins de quatre roues étaient également de la partie avec les étonnants Morgan 3-Wheelers, ainsi que les side-cars et motos de la belle époque avec les inévitables BMW, Harley Davidson et Triumph mais également de superbes Condor, Indian, Motosacoche ou Norton ainsi qu'une très rare Universal 1000cc de 1934 produisant la bagatelle de 70 CV !
Deux pilotes professionnels étaient présents. Roland Asch fut l'heureux élu qui pilota la Mercedes-Benz W25 et le double vainqueur des 24 Heures du Mans, Marcel Fässler, officia en tant qu'ouvreur de luxe pour la "Silberpfeil" au volant d'une Audi Quattro Gr.4. A noter également la présence de Martin Smith, le directeur du design de Ford Europe qui était venu se faire plaisir au volant d'une MG NA Special K3 de 1935.
La montée de 21,5 km ne fut pas une sinécure pour ces bolides d'un autre âge. Plusieurs n'arrivèrent pas au sommet sans encombre, en y perdant un rapport ou un cylindre en chemin. L'altitude fut un réel handicap pour les petits moteurs atmosphériques alors que ceux équipés de compresseurs étaient naturellement avantagés. Mais presque tous atteignirent le sommet à des rythmes très variables. Pour l'immense majorité des participants, courant en catégorie de régularité, atteindre le sommet fut déjà une victoire en soi car après tout, l'important c'est de participer.
Le long tracé fut particulièrement éprouvant pour les mécaniques et le sable absorbant était de rigueur sur le parc d'arrivée, pour éponger les nombreuses fuites de ces grand-mères incontinentes...
Christian Traber s'imposa en catégorie A au volant de sa Talbot Lagot Monoplace Décalée de 1939 avec un chrono combiné (deux montées) de 28:35.96. En catégorie C, la victoire revint à Susan Jane Darbyshire au volant de son Morgan 3-Wheeler Super Aero de 1929 avec un chrono de 28:49.50.
Tous les résultats détaillés sont disponibles sur le site officiel de la manifestation
Classement officiel.
La foule avait répondu présent puisque selon les organisateurs, entre 20'000 et 30'000 visiteurs firent le déplacement pour assister à cette course fabuleuse durant ces trois jours. Et grand bien leur en a pris tant le spectacle était à la hauteur des espérances, le tout dans un cade majestueux au cœur des Alpes suisses. Vivement la prochaine édition !